Peut-on vraiment améliorer son métabolisme ? | L’Express

Les recettes miracles destinées à augmenter notre métabolisme foisonnent sur les réseaux sociaux. Mais qu’est-ce que le métabolisme ? Peut-on et doit-on s’en préoccuper ?

« Sautez le petit-déjeuner, consommez plus de protéines, buvez du café noir, buvez du thé vert, faites de la musculation, multipliez les repas » : les publicités sur les réseaux sociaux proposant des recettes pour augmenter son métabolisme et « perdre du poids au repos » foisonnent. Car le corps dépense de l’énergie, donc des calories, pour assimiler et digérer les aliments. Certains, comme les plats épicés ou l’ananas promettent d’accélérer le métabolisme sans qu’on sache exactement ce que cette notion recouvre ni ne connaisse la véracité scientifique de ces méthodes.

Après des années d’effet yoyo, c’est en tenant compte de son métabolisme que Cécile parvient enfin à se réconcilier avec son corps. Qu’ils soient nutritionnistes, pédiatres ou généralistes, les médecins le lui répètent depuis son plus jeune âge : si Cécile grossit, c’est parce que « c’est comme ça ». Son corps stocke. À l’adolescence, devenue très complexée, elle se met à la course à pied dans le but de maigrir. Elle parvient à perdre du poids au bout de plusieurs mois d’effort. « Puis, sans m’y attendre, j’ai regrossi. J’ai consulté une coach sportive qui m’a expliqué que les régimes à répétition imposés à mon corps avaient probablement déréglé mon métabolisme. »

À chacun son métabolisme

« Le métabolisme désigne l’ensemble des réactions chimiques dans le corps », explique Lino Bourgeais, préparateur physique à Genève. « Chaque réaction -comme par exemple, l’assimilation des nutriments contenus dans les aliments- demande de l’énergie. Le métabolisme, c’est ma capacité à dépenser cette énergie. », précise Nina Cohen-Koubi, médecin nutritionniste. Cette capacité varie d’un individu à l’autre : un homme brûle naturellement davantage de calories qu’une femme en raison de sa masse musculaire. Car pour fonctionner correctement, les cellules musculaires sont plus gourmandes en énergie que les cellules graisseuses. Par ailleurs, certains métabolismes de base sont plus lents que d’autres, comme celui de Cécile qui a compris à 29 ans que son corps met du temps à dépenser l’énergie nécessaire au bon déroulement des réactions chimiques.

« La vitesse du métabolisme et son efficacité dépendent en partie de la génétique », relève Nina Cohen-Koubi. Et les régimes à répétition de la jeune femme n’ont fait qu’accentuer le mécanisme. En habituant son corps à fonctionner avec peu de calories, Cécile a diminué son métabolisme originel, le retour à un apport calorique normal entraînant une prise de poids souvent plus importante qu’avant le régime.

Sport, nutrition et sommeil, des alliés de poids

Pour perdre du poids, certains choisissent d’augmenter leur métabolisme de base pour brûler plus de calories. « Le terme de métabolisme regroupe toutes les aptitudes du corps humain à détruire et créer des cellules, qu’elles soient musculaires, osseuses, immunitaires, car chaque cellule a un temps de vie donné », souligne Lino Bourgeais. Accélérer la dépense énergétique revient à accélérer la « cinétique cellulaire », autrement dit la création de cellules.

« Le sport, la nutrition ou le sommeil sont des outils permettant d’avoir un métabolisme plus fort », relève le coach. Par exemple, si l’on se couche tard, on prive le corps d’un repos salutaire durant lequel il se répare et donc brûle des calories. Pour beaucoup, l’augmentation du métabolisme est motivée par un « désir de perte de poids. Le poids est l’équilibre entre l’apport et la perte calorique, rappelle Nina Cohen-Koubi. Mais dans ce schéma binaire, on oublie l’humain et les émotions. » « C’est pour cela que dans un programme de remise en forme, on s’intéresse autant au physique qu’à l’alimentation et la préparation mentale », justifie Lino Bourgeais.

Si le métabolisme est lié aux dépenses énergétiques, ces dernières dépendent de « quatre paramètres » précise Nina Cohen-Koubi. « D’une part la température corporelle et le facteur génétique, qui sont constants et programmés, d’autre part l’activité physique et l’apport calorique, qui sont évolutifs. On peut accélérer son métabolisme en influant sur ces deux derniers paramètres. »

Côté alimentation, « j’essaie d’agir sur quatre axes, explique la nutritionniste. L’insuline, l’hormone qui joue un rôle dans l’absorption du sucre, la leptine qui est l’hormone de satiété, la flore intestinale pour assurer une bonne digestion et enfin le cortisol qui est l’hormone du stress ». Le rééquilibrage alimentaire est calibré au cas par cas. Il faut prendre en compte l’état psychologique de chacun car il influe sur les prises alimentaires et donc sur le métabolisme. « Par exemple, lorsque vous êtes régulièrement stressé, votre taux de cortisol s’élève, provoquant une élévation de l’insuline, elle-même entraînant des envies de sucres et de gras ainsi que de la fatigue. L’élévation de l’insuline entraîne également une inhibition de l’action de la leptine qui provoque une envie de manger sans fin ni faim. »

Pour que les bénéfices sur la santé physique et mentale soient durables, il est donc essentiel d’accorder au bien-être une place aussi importante que l’activité physique ou l’alimentation. Réapprendre à respirer, maîtriser son stress, améliorer son temps de sommeil… Des prises de conscience qui permettent à Cécile d’influer sur certains mécanismes hormonaux néfastes pour son corps et ainsi de gagner en équilibre au quotidien.

L’importance de varier les exercices

Lorsqu’ils travaillent, se réparent ou se renouvellent, les muscles dépensent de l’énergie. Pour augmenter son métabolisme, il est judicieux de les solliciter en variant les exercices. Lino Bourgeais conseille « de la musculation pour développer la masse musculaire » en créant de nouvelles cellules. Et « du cardio », des efforts longs et doux comme la course à pied ou le vélo, pour « augmenter la capacité cardio-vasculaire » et ainsi permettre au corps d’encaisser sans se blesser les séances de musculation.

Si l’effort inhabituel de la course à pied a d’abord conduit Cécile à construire du muscle, son corps s’est rapidement accoutumé. Elle travaillait son endurance mais ne créait plus de nouvelles cellules musculaires gourmandes en énergie. Malgré une alimentation équilibrée, son métabolisme a doucement ralenti et la masse graisseuse a fini par revenir. Sur les conseils de sa coach, elle a bouleversé sa routine sportive et son régime alimentaire. « Là, j’ai perdu, témoigne-t-elle. Puis j’ai pu me remettre à manger normalement ». « L’activité physique ne représente que 20% de la perte de poids, insiste Nina Cohen-Koubi. L’alimentation joue un rôle très important ». En parallèle, Cécile confie avoir effectué « des changements importants dans sa vie pro et perso » qui ont accompagné sa perte de poids d’un « mieux-être psychologique ». Un élément capital pour la nutritionniste. Elle rappelle qu’outre « les calories, il existe d’autres paramètres influant sur les prises alimentaires comme le fait de trouver l’apaisement » pour alléger l’esprit autant que le corps.

 

La version publiée sur le site de L’Express est consultable ici.

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